LeRetour des Ombres : «Make Europe Great Again» et les Spectres de l’Histoire

Marine Le Pen et Viktor Orban à Madrid

Les Enjeux d’une Renaissance Polémique : Les Fantômes de l’Europe

Dans l’histoire de la pensée occidentale, l’idée de grandeur européenne a souvent été un leitmotiv, un mythe mobilisateur qui transcende les siècles. De la Rome antique à l’Empire napoléonien, en passant par les Lumières et les rêves de paix perpétuelle de Kant, l’Europe a toujours été un champ de bataille idéologique où se croisent aspirations universalistes et pulsions nationalistes. Aujourd’hui, le slogan «Make Europe Great Again» résonne comme un écho troublant de ces ambitions passées, porté par des figures controversées telles que Marine Le Pen et Viktor Orban. À Madrid, leur «démonstration de force» ne peut être dissociée des contradictions historiques et morales qui hantent le continent depuis des siècles.

Pour comprendre cette résurgence, il faut se tourner vers les racines philosophiques et artistiques de l’Europe. Comme l’écrivait Nietzsche dans *Par-delà bien et mal*, «l’Europe est une idée, une tension entre des forces opposées». Cette tension, entre universalisme et particularisme, entre raison et passion, est au cœur de la crise actuelle. Les tableaux de Goya, avec leurs scènes de violence et de désespoir, illustrent cette dualité de l’âme européenne. À Madrid, berceau de ces œuvres, Marine Le Pen et ses alliés semblent incarner une version moderne de ces conflits, où la quête de grandeur se mêle à des relents de nationalisme et de xénophobie.

La Question Clé : Une Grandeur Européenne au Service de Qui ?

La réunion de Madrid pose une question fondamentale : quel est le projet de «grandeur» défendu par l’extrême droite européenne ? Pour y répondre, il faut analyser les discours et les actions de ses principaux acteurs. Marine Le Pen, par exemple, affirme que le Rassemblement National (RN) est le mieux placé pour dialoguer avec l’administration Trump, soulignant ainsi une vision géopolitique où l’Europe serait un acteur secondaire, subordonné aux intérêts américains. Cette position, loin d’être isolée, reflète une tendance plus large au sein de l’extrême droite européenne : une admiration pour les modèles autoritaires et une méfiance envers les institutions démocratiques internationales.

Viktor Orban, de son côté, incarne une autre facette de cette «grandeur». En Hongrie, son gouvernement a systématiquement érodé les libertés civiles et les droits des minorités, tout en prônant un nationalisme chrétien qui exclut les «autres». Cette vision, bien que présentée comme une alternative à la «décadence libérale», repose sur une conception étroite et excluante de l’identité européenne. Comme l’a souligné Hannah Arendt dans *Les Origines du Totalitarisme*, ces mouvements «nationalistes» ne cherchent pas tant à défendre une culture qu’à imposer une hiérarchie de valeurs et de droits.

Historiquement, ces dynamiques ne sont pas nouvelles. Le fascisme des années 1930, par exemple, a également cherché à réinventer une grandeur européenne en s’appuyant sur des mythes nationalistes et des politiques d’exclusion. Cependant, les leçons de cette période semblent oubliées. En 2025, alors que l’Europe fait face à des défis globaux sans précédent – crise climatique, migrations massives, montée des inégalités – le retour de ces discours est non seulement anachronique, mais dangereux.

Conclusion : L’Électeur Face à l’Histoire

Alors, comment l’électeur doit-il choisir ? La réponse, bien que complexe, réside dans une confrontation honnête avec l’histoire. «Make Europe Great Again» est un slogan séduisant, mais il masque des réalités troublantes. Pour l’électeur, la question n’est pas de savoir qui promet la plus grande gloire, mais qui défend les valeurs fondamentales de justice, d’égalité et de dignité humaine. Comme l’a écrit Albert Camus dans *L’Homme révolté*, «la grandeur d’une culture peut se mesurer à la manière dont elle traite ses minorités». À l’aube d’une nouvelle ère politique, cette maxime doit guider notre choix.

Dix Questions pour un Humanisme Renouvelé

1. **Quelle est la définition de «grandeur» dans un contexte européen moderne ?**
2. **Comment concilier souveraineté nationale et solidarité européenne ?**
3. **Quel rôle l’Europe doit-elle jouer sur la scène géopolitique mondiale ?**
4. **Comment lutter contre les inégalités sociales et économiques tout en promouvant la cohésion européenne ?**
5. **Quelle place accorder aux minorités et aux migrants dans une Europe «grande» ?**
6. **Comment préserver les libertés civiles face à la montée des discours autoritaires ?**
7. **Quel modèle économique peut garantir une prospérité durable et équitable pour tous les citoyens européens ?**
8. **Comment l’Europe peut-elle devenir un leader dans la lutte contre le changement climatique ?**
9. **Quels sont les dangers de l’instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques ?**
10. **Comment renouer avec les idéaux des Lumières tout en répondant aux défis contemporains ?**

Ces questions, loin d’être rhétoriques, appellent à une réflexion profonde et à une action concrète. L’Europe, à la croisée des chemins, doit choisir entre une grandeur illusoire et une véritable renaissance humaniste.

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